Dans le secteur des produits de grande consommation (PGC), la majorité des émissions ne viennent pas de vos activités internes. Elles viennent de votre chaîne de valeur (fournisseurs en amont, logistique en aval, emballage, utilisation du produit et gestion de sa fin de vie).
Ce sont les émissions de Scope 3. Complexes, souvent invisibles, elles représentent pour la plupart des entreprises la plus grande part de leur empreinte carbone.
Ce guide explique ce que sont les émissions de Scope 3, pourquoi elles sont importantes pour les entreprises du secteur PGC et comment les aborder.
Les émissions de Scope 3 correspondent à toutes les émissions indirectes de gaz à effet de serre qui se produisent tout au long de la chaîne de valeur d’une entreprise, en amont (avant que les produits n’arrivent chez vous) comme en aval (après leur vente).
Elles se distinguent de :
Les émissions de Scope 3 ne relèvent pas de votre contrôle direct, mais elles sont étroitement liées à votre activité. On peut les voir comme l’empreinte carbone de tout ce qui se passe avant l’arrivée de vos matières premières et après que vos produits quittent les rayons.
Selon le GHG Protocol, le Scope 3 peut représenter jusqu’à 90 % des émissions totales d’une entreprise. Autrement dit, si vous visez la neutralité carbone, vous ne pouvez pas l’ignorer. C’est à la fois là que se situent les principaux risques et les plus grandes opportunités.
Pour la plupart des entreprises de produits de grande consommation, les émissions de Scope 3 représentent entre 80 % et 95 % des émissions totales, selon les rapports d’entreprise et les études sectorielles. En 2021, Nestlé a déclaré que 95,8 % de son empreinte provenait du Scope 3. Pour JBS, c’était 91,4 %. Et pour des distributeurs comme Solinest, ce chiffre atteint 99 %.
Ces chiffres montrent une réalité claire : les avancées sur les objectifs climatiques dépendent moins de ce qui se passe dans votre entreprise que des choix que vous influencez dans votre chaîne d’approvisionnement.
Voici pourquoi cela compte :
Il est important de comprendre que les émissions de Scope 3 ne forment pas un bloc homogène. Pour en faciliter la compréhension et la gestion, le GHG Protocol les répartit en 15 catégories, qui couvrent tout, depuis les matières premières jusqu’au traitement des déchets.
Ces catégories sont regroupées en deux grands types :
Les entreprises doivent évaluer les 15 catégories, mais ne sont tenues de publier que celles qui sont pertinentes. Pour chaque catégorie non retenue, une justification est attendue.
Ce sont les émissions liées à la production des biens ou services de votre entreprise.
Émissions liées à la production de tous les biens et services achetés par l’entreprise. Pour les entreprises PGC, cela inclut tout, des matières premières agricoles aux matériaux d’emballage.
Émissions liées à la production des biens d’équipement achetés par l’entreprise. Ce sont des actifs physiques utilisés pour produire d’autres biens ou services, comme les machines ou les bâtiments.
Émissions associées à la production et au transport de l’énergie et des carburants utilisés par l’entreprise, mais qu’elle ne possède ni ne contrôle directement.
Émissions liées au transport et à la distribution des produits avant leur arrivée chez l’entreprise, y compris les services logistiques fournis par des tiers que vous ne contrôlez pas directement.
Émissions liées au traitement et à l’élimination des déchets produits par l’entreprise dans le cadre de ses opérations quotidiennes.
Émissions liées aux déplacements professionnels des employés dans des moyens de transport non détenus ou contrôlés par l’entreprise, comme les vols commerciaux ou les voitures de location.
Émissions liées aux déplacements quotidiens des employés entre leur domicile et leur lieu de travail, quel que soit le mode de transport utilisé (tant qu’il n’est pas détenu par l’entreprise).
Émissions liées à l’utilisation d’actifs loués par l’entreprise (non incluses dans les Scope 1 ou 2), comme des entrepôts ou des bureaux en location.
Ce sont les émissions liées à l’utilisation et à la fin de vie de vos produits et services.
Émissions liées au transport et à la distribution des produits après leur sortie de l’entreprise, comme la livraison des produits finis aux clients.
Émissions générées par la transformation ultérieure des produits intermédiaires que vous vendez. Cela concerne surtout les entreprises PGC qui vendent des ingrédients ou des composants à d’autres fabricants.
Émissions générées par l’utilisation des produits par les consommateurs ou les entreprises, tout au long de leur durée de vie. Cela inclut par exemple l’énergie utilisée par des appareils électroménagers. C’est souvent la plus grande catégorie d’émissions en aval pour les produits PGC.
Émissions liées à l’élimination ou au recyclage des produits après usage par les clients, y compris la gestion des déchets d’emballage.
Émissions liées à des actifs que vous possédez mais que vous louez à d’autres, comme des espaces de vente ou des équipements.
Émissions provenant des activités des franchisés opérant sous votre marque.
Émissions générées par les entreprises dans lesquelles vous investissez, y compris les filiales, coentreprises ou placements financiers.
Calculer les émissions de Scope 3 implique de cartographier votre chaîne de valeur, de collecter des données d’activité auprès de vos fournisseurs, partenaires et clients, puis d’appliquer les bons facteurs d’émission.
Pour les entreprises PGC, l’objectif n’est pas de tout calculer d’un coup, mais de construire progressivement une image fiable, en commençant par les zones à plus fort impact.
Méthode de calcul (GHG Protocol) :
Le GHG Protocol propose plusieurs méthodes de calcul, en fonction de la qualité des données disponibles :
Conseil pratique : Pour gagner du temps et limiter les erreurs, vous pouvez utiliser une plateforme comme Carbon Maps. Elle automatise les calculs, donne accès à plus de 34 000 facteurs d’émission, visualise vos données via des tableaux de bord et facilite la collecte de données primaires grâce à une fonctionnalité automatisée d’évaluation fournisseurs.
Suivre les émissions de Scope 3 est difficile, surtout dans un secteur comme les PGC, où les chaînes d’approvisionnement sont complexes, les cycles produits courts, et les fournisseurs nombreux. Voici quelques-uns des obstacles les plus fréquents :
Disponibilité et qualité des données
Obtenir des données précises et détaillées de la part des fournisseurs est un vrai défi. Beaucoup ne mesurent pas leurs émissions, ou ne disposent pas des systèmes nécessaires pour partager les informations dont vous avez besoin. Les estimations basées sur des moyennes sectorielles peuvent aider, mais elles réduisent la précision.
Visibilité limitée au-delà des fournisseurs directs
La majorité des émissions provient souvent de fournisseurs indirects, comme les producteurs de matières premières ou les transformateurs d’ingrédients. Tracer les composants ou les matières à travers plusieurs niveaux de la chaîne (notamment dans l’alimentaire et les produits d’hygiène) est complexe et demande beaucoup de ressources.
Chaînes d’approvisionnement complexes
Les chaînes de valeur des PGC impliquent de nombreux acteurs, répartis dans différents pays et sur différents types de produits. Cela rend difficile l’identification des sources d’émissions et des leviers de réduction les plus pertinents.
Faible engagement des fournisseurs
Même lorsque vous demandez des données, les fournisseurs peuvent ne pas répondre ou ne pas savoir comment s’y prendre. Sans incitations claires ni accompagnement, il est difficile d’obtenir une participation régulière.
Vous cherchez à mieux engager vos fournisseurs ? Lisez : Automatiser l’évaluation RSE des fournisseurs pour un engagement plus efficace
Votre empreinte Scope 3 dépend fortement de ce que vous vendez. Chaque catégorie de produits, alimentation, soins personnels, produits ménagers, possède une chaîne de valeur distincte, avec des zones d’émissions prioritaires et des défis spécifiques en matière de données.
Comprendre ces différences permet de mieux prioriser les actions à mener.
1. Commencez par les plus gros postes d’émissions
Concentrez-vous sur les catégories qui pèsent le plus lourd : généralement les ingrédients, l’emballage, la logistique et l’usage des produits. Ce sont là que se concentrent la majorité des émissions, et où de meilleures données feront la plus grande différence.
2. Automatisez pour gagner du temps
Utilisez des outils qui facilitent la collecte, l’organisation et l’analyse des données, de l’engagement fournisseur jusqu’au calcul des émissions à l’échelle du produit. Moins d’erreurs manuelles, plus de clarté.
3. Structurez l’engagement avec les fournisseurs
Ce sont eux qui détiennent la majorité des données dont vous avez besoin. Facilitez-leur la tâche avec des modèles ou des consignes claires, et commencez par ceux qui ont le plus gros volume ou impact.
Les analyses de Carbon Maps montrent qu’environ 50 % des émissions d’une entreprise agroalimentaire proviennent de ses 10 à 20 principaux fournisseurs.
4. Intégrez une logique d’amélioration continue
Vous n’aurez pas des données parfaites dès le départ. Lancez-vous avec ce que vous avez, puis améliorez progressivement. Des mises à jour régulières, des bilans annuels, et des attentes plus claires chaque année permettent de faire monter en qualité les données.
5. Intégrez le carbone dans vos décisions d’achat
Ajoutez les émissions carbone à vos critères d’achat. Demandez des données d’intensité carbone dans les appels d’offres, accordez une préférence aux fournisseurs bas carbone, et traitez les émissions comme un coût au moment de comparer les options.
À lire aussi : Comment les équipes Achats et RSE peuvent s’allier pour réduire le Scope 3
Carbon Maps est une plateforme SaaS de décarbonation et de durabilité dédiée au secteur agroalimentaire. Elle aide les entreprises à mesurer, piloter et réduire leurs émissions de Scope 3 au niveau produit, là où se concentre l’essentiel de leur impact.
Engagez vos fournisseurs et recueillez des données primaires via des évaluations automatisées de la performance RSE. Vous obtenez des données précises au niveau produit, qui reflètent votre vraie chaîne d’approvisionnement, sans devoir relancer par e-mail ou des fichiers Excel.
Les biens achetés (Catégorie 1) sont souvent la source la plus importante, et la plus complexe du Scope 3. Carbon Maps décompose ces émissions ingrédient par ingrédient, pour vous donner une vision claire de l’empreinte réelle de vos matières premières.
Obtenez une vue par catégorie : ingrédients, emballage, transport ou utilisation du produit. Cela vous permet de prioriser vos actions là où elles auront le plus d’impact.
Grâce à la fonctionnalité d’éco-conception, vous pouvez simuler l’impact carbone de différentes options : changer de fournisseur, modifier un ingrédient, revoir l’emballage ou le transport. Vous voyez les résultats en temps réel et prenez des décisions alignées avec vos objectifs climatiques.
Prêt à reprendre le contrôle sur vos émissions de Scope 3 ?
Demandez une démo.