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SBTi Corporate Net-Zero V2 : 5 grands changements que les entreprises agroalimentaires doivent anticiper d’ici 2026

Émissions de GES
SBTi FLAG
updated on:
9/9/2025
Tamnai Wandiema
Content Marketer at Carbon Maps
La Corporate Net-Zero Standard V2 du SBTi va remodeler la façon dont les entreprises agroalimentaires pilotent leurs objectifs climat. Découvrez les changements clés à préparer.

Le Science Based Targets initiative (SBTi) devrait lancer en 2026 la Version 2.0 de sa Corporate Net-Zero Standard, avec de nouveaux objectifs applicables à partir de 2027.

Cette mise à jour s’appuie sur les dernières connaissances scientifiques et les retours de centaines d’entreprises. Elle introduit des exigences plus strictes sur les objectifs d’émissions et des orientations plus claires sur ce que les entreprises doivent mettre en place pour s’aligner sur une trajectoire net-zéro crédible.

Pour les entreprises agroalimentaires, dont la majeure partie des émissions provient souvent de l’agriculture, ces évolutions élèveront les attentes en matière d’engagement des fournisseurs, de qualité des données et de règles plus strictes sur les absorptions de carbone.

Cet article présente les cinq changements essentiels à comprendre dès maintenant pour se préparer en amont.

Un tableau à 2 colonnes présentant les étapes clés liées à la norme SBTi Corporate Net-Zero Standard V2.

Les 5 changements clés de SBTi Net-Zero V2

1. Une nouvelle façon de classer les entreprises

SBTi Net-Zero V2 introduit un nouveau système de classification qui tient compte de la taille, des ressources et de la zone géographique des entreprises, en s’éloignant d’une logique « taille unique ».

  • Catégorie A : grandes et moyennes entreprises situées dans des pays à revenu élevé
  • Catégorie B : petites et moyennes entreprises situées dans des pays à faible revenu

Pourquoi c’est important : les responsabilités ne dépendent plus uniquement du secteur, mais aussi de la capacité d’action. Les entreprises plus grandes, avec davantage de ressources, sont soumises à des exigences plus strictes, tandis que les plus petites disposent d’une certaine flexibilité — mais doivent malgré tout agir de manière mesurable.

Les entreprises de la catégorie A devront :

  • Définir des objectifs couvrant les émissions indirectes (Scopes 2 et 3) ;
  • Faire vérifier leurs données d’émissions de référence par un tiers indépendant avant l’approbation des objectifs ;
  • Publier un plan de transition climatique dans les 12 mois, avec des revues d’avancement régulières.

Les entreprises de la catégorie B bénéficient de plus de souplesse, mais restent redevables. Par exemple, si leurs fournisseurs relèvent de la catégorie A, des attentes plus strictes en matière de reporting et de réduction des émissions peuvent s’appliquer.

2. Des objectifs séparés pour le Scope 1 et le Scope 2

Jusqu’ici, les entreprises pouvaient combiner les Scopes 1 et 2 en un seul objectif, ce qui conduisait souvent à privilégier le Scope 2 via l’achat d’électricité renouvelable. SBTi Net-Zero V2 met fin à cette pratique afin d’assurer des actions mesurables sur les deux volets.

Scope 1 plus exigeant

Le Scope 1 couvre les émissions directes de vos opérations : consommation de combustibles, production d’énergie sur site, fuites de fluides frigorigènes, flotte de véhicules, etc. La V2 impose un objectif dédié couvrant 100 % de ces émissions.

Concrètement, il faut des plans clairs et opérationnels pour réduire ces émissions : modernisation d’équipements, amélioration de l’efficacité, électrification, ou autres leviers de décarbonation.

Scope 2 plus spécifique

Le Scope 2 concerne les émissions liées à l’électricité achetée. La V2 relève aussi le niveau d’exigence : toute l’électricité doit provenir de sources zéro carbone vérifiables. De simples certificats d’énergie renouvelable (RECs) génériques ne suffisent plus.

La nouvelle norme requiert désormais deux objectifs Scope 2 relatifs à l’usage d’électricité :

  • Objectif « market-based » / zéro carbone : émissions associées à l’électricité que vous achetez effectivement (p. ex. contrats d’électricité certifiée renouvelable ou « clean energy »).
  • Objectif  « location-based » : émissions liées au mix du réseau électrique là où vos sites opèrent.

Auparavant, les entreprises pouvaient choisir l’une ou l’autre approche. SBTi exige désormais les deux, car il attend des entreprises qu’elles assument à la fois l’impact local de leur électricité et leurs choix d’approvisionnement énergétique.

Exemple : un transformateur laitier devra établir un plan pour réduire l’usage de gaz dans ses chaudières (Scope 1) et un autre pour garantir que 100 % de l’électricité achetée provient de sources zéro carbone. Regrouper ces deux aspects dans un seul objectif n’est plus acceptable.

Lecture recommandée : SBTi FLAG Guidance for Food Companies

3. Objectifs Scope 3 obligatoires et engagement fournisseurs

Les émissions du Scope 3 — fournisseurs, ingrédients, transport, activités aval — représentent souvent 80 à 90 % de l’empreinte totale d’une entreprise agroalimentaire. Jusqu’ici, seules les plus grandes entreprises donnaient la priorité à des objectifs Scope 3. Avec SBTi Net-Zero V2, toutes les entreprises de catégorie A doivent fixer des objectifs ambitieux sur le Scope 3, quel que soit son poids relatif.

La V2 supprime aussi le seuil de couverture uniforme des émissions du Scope 3. L’ancienne règle imposait de couvrir 67 % des émissions Scope 3, ce qui permettait d’en laisser un tiers de côté — souvent les sources plus petites ou difficiles à tracer.

La V2 demande plutôt de prioriser les sources à plus fort impact et les domaines où l’on peut vraiment influencer les fournisseurs.

Ce que cela implique pour les entreprises agroalimentaires :

  • Identifier les sources à fort impact : priorisez les plus grandes catégories d’émissions de votre chaîne de valeur. Un logiciel de PCF (Product Carbon Footprint) ou d’ACV (Analyse du Cycle de Vie) peut vous y aider.

  • Engager les fournisseurs : travaillez avec vos fournisseurs de rang 1 pour mesurer, réduire et reporter leurs émissions. Automatisez ce processus via des évaluations de la performance RSE des fournisseurs pour un engagement plus pertinent.

  • Suivre l’avancement avec des métriques d’alignement : par exemple, des objectifs du type « X % des achats auprès de fournisseurs alignés net-zéro » ou « Y % du chiffre d’affaires provenant de produits bas-carbone ». Ces indicateurs permettent de démontrer des progrès même quand les données carbone détaillées ne sont pas disponibles.

4. Des objectifs dédiés aux absorptions de carbone

SBTi Net-Zero V2 introduit de nouvelles règles pour les émissions résiduelles (celles qu’une entreprise ne peut pas éliminer totalement). Auparavant, elles pouvaient être compensées par des crédits ou offsets. En V2, vous devez fixer des objectifs d’absorption de carbone dédiés.

À partir de 2030, les entreprises sont censées retirer une part croissante de leurs émissions résiduelles chaque année jusqu’à leur neutralisation complète à l’horizon net-zéro. Le principe est simple : réduire au maximum d’abord, puis retirer ce qui reste.

Ce qui compte comme “absorption” :

  • Basée sur la nature : reforestation ou projets de carbone des sols avec stockage durable et vérification robuste.

  • Basée sur la technologie : captage direct dans l’air (DAC) avec stockage géologique.

Les compensations basiques qui se contentent de « compenser » des émissions ne répondent pas à ce standard.

Exemple : une marque alimentaire passe à l’électricité renouvelable et agit avec les exploitations agricoles pour réduire le méthane et les émissions liées aux engrais. En parallèle, elle investit dans des projets vérifiés qui retirent durablement du carbone de l’atmosphère. C’est l’approche équilibrée attendue par la V2.

Bon à savoir : au-delà des réductions et absorptions internes, les entreprises peuvent gagner un crédit réputationnel via la Beyond Value Chain Mitigation (BVCM) en finançant des projets climatiques de haute qualité hors de leur chaîne de valeur. Cela inclut des crédits carbone vérifiés ou des initiatives directes de restauration. Toutefois, les actions BVCM ne sont pas déduites de l’inventaire d’émissions de l’entreprise et ne comptent pas dans les objectifs de réduction.

5. Des contrôles plus stricts sur vos données et vos progrès

SBTi Net-Zero V2 rehausse l’exigence de preuve des avancées climatiques. Les entreprises ne peuvent plus se reposer uniquement sur l’auto-déclaration : tout doit être vérifiable.

  • Vérification de l’année de référence : les données d’émissions — en particulier pour les grandes entreprises — doivent être vérifiées par un tiers indépendant avant l’approbation des objectifs.
  • Reporting régulier : suivi et communication des émissions de manière cohérente, avec des revues de performance formelles tous les cinq ans.
  • Contrôles inopinés : des audits aléatoires peuvent intervenir entre deux cycles pour garantir la transparence et prévenir l’écoblanchiment.
Un tableau de 3 colonnes et 5 lignes comparant les principales différences entre SBTi CNZS v1.2 et SBTi CNZS v2.

Guide de transition

Les entreprises qui fixeront des objectifs de court terme en 2025–2026 continueront d’utiliser la Corporate Net-Zero Standard Version 1.2, qui reste valide jusqu’en 2030 ou pendant cinq ans à compter de la validation (selon la première échéance). Cette période de transition laisse le temps d’ajuster les pratiques tout en maintenant la dynamique de réduction.

À partir de 2027, les entreprises adopteront la V2 pour les objectifs de court et de long terme. Le SBTi fournit des trajectoires de transition pour aligner le Scope 3 et les autres nouvelles exigences sur la V2 avant l’échéance 2030. Un alignement anticipé est recommandé pour rester en avance sur le durcissement des exigences.

Comment Carbon Maps peut aider

Nous aidons les entreprises agroalimentaires à calculer et à reporter les émissions au niveau du produit ou de l’ingrédient, en ligne avec les exigences SBTi FLAG. Notre plateforme facilite :

  • L’automatisation des calculs d’émissions : mesure automatique des émissions par produits, ingrédients, fournisseurs et zones géographiques, pour gagner du temps et réduire les erreurs.
  • La priorisation des zones à fort impact : identification des catégories de produits, des fournisseurs ou des régions où les efforts d’atténuation auront l’effet le plus marqué.
  • La planification et le suivi des actions de décarbonation : définition d’objectifs de réduction mesurables, suivi des progrès et maintien du cap de votre stratégie climat.

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